La coopérative Ferréole en recours contre le refus de permis pour trois éoliennes à Ferrières
Le permis pour trois éoliennes à Werbomont (Ferrières) a été refusé par la Région wallonne. La coopérative Ferréole, qui porte le projet, dépose un recours auprès des deux ministres pour contester la décision. Sur le fond comme sur la forme.
- Publié le 19-04-2024 à 07h00
Jean-François Cornet, vous êtes de Burnontige et administrateur de la coopérative Ferréole, qui porte le projet éolien depuis 2018. Le fonctionnaire-délégué a refusé le permis en avril. Vous avez étudié les motivations et vous avez pris une décision…
Oui, nous allons déposer un recours la semaine prochaine auprès des deux ministres concernés, Tellier et Borsus. La rédaction du dossier est en cours. Nous serons dans les temps. Nous avions 20 jours pour l’introduire.
Quels sont les éléments qui vous ont poussé à partir en recours ?
Globalement, après analyse des conclusions de la Région, il y avait vraiment matière à contester. Sur deux aspects : la forme et le fond…. Sur la forme, les motifs du refus se basent exclusivement sur l’avis négatif du DNF (Département nature et forêt), sans prendre en compte les avis positifs des autres instances. C’est déjà interpellant. Or, le DNF a rendu son avis avec trois mois de retard, hors délai donc. Et le fonctionnaire-délégué a eu à peine dix jours pour l’analyser et le confronter à l’étude d’incidences, volumineuse. Le délai est clairement trop court et de toute façon n’a pas été respecté.
Et sur le fond ?
En de nombreux endroits du document, on constate des erreurs ou des mauvaises interprétations du DNF qui a une mauvaise lecture de l’étude d’incidences. Les critiques sont tantôt erronées, tantôt vagues ou non étayées. On va donc rectifier tout ça en soulignant les passages de l’étude d’incidence qui corrigent ces affirmations, y répondent de manière objective.
Et maintenant ?
Les deux ministres ont 110 jours pour rendre leur avis, un avis commun, concerté. C’est ce qui complique un peu les choses dans ce dossier : ils doivent se mettre d’accord.
Vous avez bon espoir sur l’issue de la décision ?
Nous pensons que notre contre-argumentation est solide. Espérons que la raison va l’emporter. On peut comprendre que le DNF soit dérangé dans ses habitudes de conservation du biotope mais il faut mettre ce projet en balance avec le bénéfice pour l’intérêt général et avec les enjeux en termes d’autonomie énergétique. Nous pensons toujours que c’est un bon projet pour l’énergie et, indirectement, pour la biodiversité qui souffre du réchauffement climatique.
Ce recours retarde encore le timing…
Nous perdons quatre mois, c’est tout relatif. Après, si on obtient le permis, des citoyens ou des Communes peuvent encore aller au Conseil d’État. Là, ce serait beaucoup plus long…
En zone forestière
Le projet éolien prévoit d’implanter trois mâts le long de l’E25 à Werbomont, en zone forestière. Le projet remonte à 2018 et est porté par la coopérative Ferréole, avec trois partenaires, la coopérative Courant d’Air, Eneco et Luminus. Ce sont quelque 800 coopérateurs qui ont investi dans le projet mais celui-ci crée la polémique. De nombreux riverains et plusieurs Communes voisines n’en veulent pas. L’enquête publique avait d’ailleurs récolté plus de 1300 réclamations négatives (mais aussi 161 lettres favorables). Au fil des mois, la polémique s’est aussi immiscée au sein du collège communal de Ferrières, au départ favorable au parc éolien (situé en partie sur des terrains communaux) et aujourd’hui divisée sur le sujet.